PMR#2 : parc national de Banff, un avant-goût d’aventure

La forêt profonde, des paysages sauvages de lacs et de rivières dominés par des monts enneigés, des cascades impétueuses qu’on peut toucher du doigt et bien sûr une faune diversifiée et abondante. En une soixantaine de kilomètres la promenade de la vallée de la Bow, dans le parc national de Banff, en Alberta, donne à voir un condensé de ce que le Canada offre de meilleur. Le terrain idéal pour parfaire notre préparation et vivre, le temps d’un week-end, une première expérience familiale à vélo.

Il nous fallait une mise en jambes, un test grandeur nature. A notre grand regret, le temps nous a manqué avant notre départ pour essayer nos montures bardées de tout l’équipement nécessaire à la grande aventure. Tout juste avons-nous effectué quelques tours de roues avec la remorque d’Axel, rien de plus. Avant de nous engager sur les pistes reculées de la Great Divide, nous souhaitons nous familiariser avec notre matériel dans les conditions du réel sur un itinéraire calme et peu exigeant. Lisa et Jon, nos hôtes à Calgary nous soumettent une idée. Ils offrent de nous déposer à Lake Louise, à une soixantaine de kilomètres au nord de notre point de départ initial. La distance, que nous comptons parcourir en deux jours, suffira, nous l’espérons, à prendre nos marques.

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Avant de monter en selle, un détour s’impose par le lac qui a donné son nom à la station très prisée en hiver par les skieurs alpins. Ses eaux turquoises dans lesquelles se reflètent les sommets enneigés alentour inviteraient presque à la baignade si seulement elles ne dépassaient pas quelques petits degrés au dessus de zéro. Nous nous contentons de parcourir le sentier aménagé sur l’une de ses rives en observant la flore et les géants aux tempes tapissées de névés tardifs qui nous entourent. Le célèbre Fairmont Chateau Lake Louise Hôtel, édifié en 1890 face au plan d’eau bénéficierait de la plus belle vue au monde. C’est probable. L’imposant bâtiment, rénové en 1990, présente lui une esthétique plus discutable.

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Nous avons posé nos bagages au camping à un kilomètre du village qui se résume à quelques commerces et restaurants. Une clôture électrique a été érigée autour de l’espace réservé aux tentes.

Nous ne sommes que des étrangers de passage sur le territoire des ours

Malgré tout, la prudence est de mise vis à vis de la faune omniprésente au sein du parc national de Banff, site classé au patrimoine mondial de l’UNESCO dans lequel nous séjournons. Nous ne sommes que des étrangers de passage sur le territoire des ours et il faudra nous habituer à respecter les consignes de sécurité en vigueur sur le secteur pour éviter les visites indésirables. Les réserves de nourriture et par extension tout ce qui diffuse une odeur, produits d’hygiène, vaisselle sale, déchets, doivent être stockés dans des conteneurs métalliques à l’épreuve des grosses papattes. A l’entrée du camping, une glacière enfoncée comme une vulgaire boîte de conserve rappelle aux sceptiques que les plantigrades ne plaisantent pas avec la nourriture.

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Rien n’est à sa place

La première mise en route est laborieuse. Il nous faut prendre possession de nos sacoches comme on emménage dans un nouvel appartement. Toute notre vie pour les 11 mois à venir est là rassemblée dans ces quelques sac étanches. Et pour l’instant, rien n’est à sa place. Nous tâtonnons, tournons en rond, brassons l’air. Dans quelques jours, la force de l’habitude et l’expérience auront instauré une routine salvatrice qui nous épargnera cette inertie qui aujourd’hui affecte notre enthousiasme. Les gestes que nous effectuions avec assurance à la maison doivent ici faire l’objet d’un nouvel apprentissage. A commencer par les soins destinés à Axel.

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Enfin, nous roulons. Malgré notre volumineux chargement, nous sommes heureux de constater que nous progressons à un rythme respectable. Oublié le lent et navrant décollage des premières heures du matin, la route nous ensorcelle, l’effort nous lave de nos pensées négatives, nous avançons et dans quel décor ! Sur notre droite, la Bow River lézarde la forêt comme une veine d’émeraude. Les sommets tutoient les nuages à perte de vue. La chaussée, jalonnée de bandes jaunes régulières, ondulent sans à-coups. Le trafic est faible et les quelques véhicules qui nous dépassent respectent la limite de 50 km/h en vigueur. On ne pouvait rêver meilleur terrain pour donner nos premiers coups de pédales.

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 Douze kilomètres seulement et voilà déjà que l’aventure s’invite au tournant. On les pensait cantonnés dans les profondeurs de la forêt. Ils sont là la lisière des bois. Ils nous observent de loin, se dressent sur leurs pattes pour nous jauger. Nous n’avons eu le temps que de piler et de crier « Bear, bear ! ». Une ourse noire et deux petits. La main sur la bombe au poivre qu’on nous a conseillé de glisser dans nos bagages nous les regardons traverser nonchalamment la route en nous efforçant de rester calmes et en parlant fort pour marquer notre présence. Notre premier contact avec la faune n’aura pas tardé. Il y en aura bien d’autres.

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Nous cessons notre effort après une trentaine de kilomètres et dressons la tente au camping de canyon Johnston. Il est tôt encore et nous en profitons pour partir à la découverte des gorges encaissées situées à proximité. Le sentier praticable en famille, très fréquenté en été, conduit à deux chutes d’eau spectaculaires. Le site aurait été découvert en 1880 par un prospecteur en quête de fortune qui suivait le chemin de fer Canadien-Pacifique tout proche. Il n’aura pas trouvé d’or, mais l’endroit figure aujourd’hui parmi les trésors naturels les plus remarquables de la région.

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Vu sous cet angle, le mont Rundle semble glisser en pente douce dans un océan de pins. Le mont Sulfur paraît, lui, alanguit les pieds dans l’eau stagnante des lacs Vermilion. Banff, le Chamonix local, est à portée de guidon.

Nous complétons notre équipement avec une corde de 10 mètres pour suspendre notre nourriture dans les arbres

A notre grande surprise, personne à l’office de tourisme n’a entendu parler de la Great Divide Mountain Bike Route. Le départ tel qu’il est mentionné par l’Adventure Cycling Association est là pourtant à quelques encablures face à l’emblématique Fairmont Banff Springs Hotel. Nous prendrons le départ demain. En attendant, nous complétons notre équipement avec une corde de 10 mètres pour suspendre notre nourriture dans les arbres lorsque les conteneurs métalliques nous feront défaut et une corne de brume pour signaler notre présence aux ours. Puis, après une montée laborieuse, nous gagnons le camping de Two Jack en bordure de lac. Le site parcouru par les écureuils et les spermophiles (une espèce d’écureuil terrestre !) est une invitation au repos et à la contemplation. Une nouvelle fois, l’enthousiasme et la bienveillance des Canadiens nous va droit au coeur. Nos voisins nous invitent à partager un thé, nous offrent un sachet de muesli maison, du yaourt, des fruits et finalement une hachette. Nous voilà parés pour la grande aventure.

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Infos pratiques

Louer des vélos à Banff : Vous voulez goûter aux joies de l’aventure à vélo au Canada sur un itinéraire calme, peu exigeant et accessible en famille. La promenade de la vallée de la Bow à une centaine de kilomètres de Calgary constitue le parcours idéal. Vous pouvez louer des vélos (et même des tandems) à Lake Louise et à Banff auprès de Wilson Mountain Sports à partir de 39$ la journée.

S’équiper en matos outdoor à Banff : pour compléter votre équipement avant de partir en expé, vous trouverez tout chez Monod’s dans la rue principale de Banff. Comptez 10$ pour une corde de 10 mètres, 20$ pour un bear spray ou une corne de brume.

Boire un coup ou manger un morceau sur la promenade de la vallée de la Bow :  Nous nous sommes abrités de la pluie dans le chalet typique et réconfortant du Baker Creek à 15 km de Lake Louise. Comptez 20$ pour une petite pizza et un coca. Possibilité de louer votre chalet perso si vous ne souhaitez pas faire de camping.

Quelques trucs à savoir à propos des « campgrounds » dans le parc national de Banff : 

  • Attention, en été, durant les vacances et week-ends prolongés (1er juillet fête nationale du Canada, 4 juillet fête nationale des Etats-Unis), certains sites affichent complet. Pensez à réserver.
  • Les tarifs : vous devrez vous acquitter à l’entrée d’un permis de camper de 27,40$. Si vous souhaitez faire un feu de camp, il faudra vous procurer un autre permis vendu 8,80$. Celui-ci vous donne le droit d’utiliser le foyer disponible sur votre emplacement et comprend également le coût du bois à bruler. Attention, il est interdit de ramasser du bois mort pour alimenter votre feu sous peine d’amende supérieure à 200$. Si vous circuler en voiture, il vous faudra également acheter un permis d’entrée dans le parc. Il ne nous a pas été demandé à vélo.
  • Alcool : la consommation d’alcool est interdite pendant le couvre-feu de 23h à 7h. L’ébriété ne ferait pas bon ménage avec les animaux sauvages. La musique et toutes perturbations sonores sont également interdites durant ce créneau. Pendant certains week-ends prolongés, la possession d’alcool est totalement proscrite dans les camping. Renseignez-vous avant de débarquer avec votre pack de bière.
  • Boîtes à ours : stocker toute votre nourriture (et plus généralement tout ce qui diffuse une odeur) dans les conteneurs métalliques prévus à cet effet au risque de recevoir une visite indésirable en pleine nuit. Personne ne veut d’un grizzly affamé dans sa tente !

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