Inca Divide, la course au ciel !

Les épreuves cyclistes très longue distance en autonomie ont le vent en poupe. Dans la lignée de la Tour Divide, mythique aux Etats-Unis de nouvelles courses voient le jour chaque année. Axel Carion, voyageur, cycliste au long cours et organisateur d’événements sportifs donnera en juillet le départ de la petite dernière de la « famille Divide », l’Inca Divide, un challenge épique de 3500 kilomètres au cœur des Andes, entre l’Equateur et le Pérou. De retour d’une traversée record de l’Amérique du Sud, le Niçois nous parle de la course qu’il a crée, mais également de sa vision de l’aventure et de l’ultra.

Inca Divide Ultra Cycling Race 2017
Date de départ :
1er juillet 2017
Itinéraire : de Quito (Equateur) à Cuzco (Pérou)
Distance : 3500 km
D+ : 63000 mètres
Délai : 26 jours
Tarif : environ 600 euros /
400 pour le format Half
Infos : incadivide.com

VascoMag : Les épreuves d’ultra en autonomie totale se multiplient en ce moment comme si les participants cherchaient à renouer avec une authenticité que le cyclisme traditionnel n’offre plus. Penses-tu que la discipline soit à un tournant et que les épreuves vont se multiplier dans les années à venir, un peu comme dans le trail running lors de la décennie précédente ?
Axel Carion : Selon moi, nous sommes à l’aube d’une révolution du cyclisme grâce au cumul de 2 phénomènes : les évolutions technologiques majeures des 20 dernières années en matières d’équipements (vélo, vêtements, bagagerie et GPS) et le développement de formats « ultra » dans les sports d’endurance (course à pied, natation, vélo, triathlon). Je crois aussi que beaucoup d’épreuves qui naissent actuellement manquent d’organisation, d’informations et peuvent mener à des situations dangereuses pour les athlètes qui s’y engagent. Il suffit d’analyser le taux d’échec élevé des épreuves actuelles (supérieur à 40%) pour constater ce phénomène.

VascoMag : Si j’ai bien compris, l’idée d’organiser une épreuve comme l’Inca Divide a germé dans le sud-Lipez alors que tu pédalais avec 60 kg de bagages. Quel cheminement a bien pu amener un voyageur à vélo à vouloir faire la course ?
Axel Carion : L’époque demande d’aller vite, le voyage à vélo n’est pas accessible à tous compte tenu du temps nécessaire à sa préparation, sa réalisation et des sacrifices qu’il peut demander (vie perso/pro). Le format d’une course permet de vivre un avant goût de l’expérience du voyage à vélo mais au format « Ultra » et de rassembler des sportifs avec des profils d’athlètes très variés.

VascoMag : L’IncaDivide reprend la terminologie de la Tour Divide (ou plus récemment de la French Divide). Est-ce que l’IncaDivide s’inscrit dans la même dynamique que cette épreuve référence d’ultra endurance à l’organisation minimaliste ? Qu’est-ce qui, selon toi, va lui permettre de se forger sa propre identité ?

C’est un challenge total par son format, sa topographie et sa localisation

Axel Carion : L’origine de la terminologie provient d’un couple d’anglais avec qui j’avais échangé dans les préparatifs de ma première traversée de l’Amérique du Sud, qui avait nommé une partie de leur parcours au Pérou : la « Divide péruvienne » (en référence à la Tour divide).
L’IncaDivide est la course d’ultra cyclisme la plus verticale du monde. C’est un challenge total par son format (sans assistance avec une limite de jours pour arriver au bout), sa topographie (en haute altitude, la majorité de la course se fait à + de 3000m), sa localisation (au cœur des Andes, loin des pays développés comme les USA ou la France).
A l’inverse de la majorité des courses qui naissent actuellement où l’organisation est presque inexistante, nous fournissons aux coureurs beaucoup d’informations, de conseils et un système de tracking unique avec dispositif d’alerte SOS. L’IncaDivide est une épreuve extrêmement exigeante et requiert une logistique sérieuse pour les coureurs qui souhaitent relever le défi.

VascoMag : Plus qu’une course, c’est une aventure que vous proposez, mais pas franchement une aventure clé en main en hôtel 3 étoiles avec jacuzzis et massages. Les concurrents vont devoir eux-mêmes gérer leur ravitaillement et tracer leur route sur les 3500 km du parcours, un peu comme dans une course au large. Quel profil de coureurs attendez-vous sur la ligne de départ ? Y a t-il déjà des figures de la discipline engagées ?
Axel Carion : C’est un peu le « Dakar du vélo ». Les athlètes devront gérer eux mêmes ravitaillements, bivouac/hôtel et réparations de leur vélo. Nous partageons régulièrement les profils des participants sur le site BikingMan.com, la compétition s’annonce rude. Il y a du triathlète, du cyclo-touriste sportif, du vainqueur de course engagée…

 L’Inca a été conçue pour représenter le Graal de l’ultra cyclisme en milieu engagé

VascoMag : 3500 bornes donc, mais surtout 63500 m de d+ ! A quel chrono peut-on s’attendre pour les meilleurs sur ce type de parcours ? Et pour les plus lents ?
Axel Carion : En ajoutant la haute altitude et des cols à plus de 4000m, l’Inca a été conçue pour représenter le Graal de l’ultra cyclisme en milieu engagé. Une course que l’on vise quand on se sent prêt à aller chercher le challenge le plus ambitieux après avoir déjà terminé quelques épreuves ultra comme la Tour Divide.
Les plus rapides je parie sur 12 jours, les moins rapides ont une limite de 26 pour être classés parmi les finishers. 26 jours, (130 km de moyenne).

VascoMag : L’épreuve se déroule sur les anciennes voix de communication des Incas en Equateur et au Pérou. Quelle est le rapport de la population avec le vélo ? Y a t-il des cyclistes locaux qui se sont montrés intéressés par le challenge ?
Axel Carion : Nous avons actuellement des Equatoriens, Péruviens et Argentins confirmés sur la ligne de départ qui rêvent, comme nous Européens, de parcourir la partie la plus spectaculaire de la Cordillère des Andes.

VascoMag : Il s’agit d’une épreuve de haute altitude avec des tronçons à plus de 4000 mètres. Ces passages ne risquent-ils pas d’être problématiques pour les concurrents qui n’auront pas eu le temps d’acclimater ?
Axel Carion : Nous avons pensé les parcours du FULL et du HALF pour que les coureurs s’acclimatent à 2700 mètres d’altitude et que les premiers cols à 4000m soient après plusieurs jours de vélo. Nous conseillons également de venir 2 jours avant le départ pour parfaire l’acclimatation des participants.

Quelques sommets parmi les plus hauts du monde

VascoMag : Venons-en aux temps forts. Dans chaque course, il y a des sections qui deviennent mythiques grâce à la beauté de leurs paysages ou à cause des obstacles qu’elles imposent. A quoi doit-on s’attendre sur l’IncaDivide ?
Axel Carion : Chaque checkpoint a été pensé pour que les 600/800 km de routes qui les séparent soient inoubliables…Traverser l’avenue des volcans en Equateur en côtoyant quelques sommets parmi les plus hauts du monde, les cordillères noire et blanche du Pérou, les montagnes russes au Sud pérou avec des vallées passant de 4000 à 2000 mètres, un spectacle unique !

VascoMag : L’épreuve se déroule majoritairement sur routes asphaltées, mais elle empruntera également quelques pistes ? Cela implique-t-il de devoir renoncer au vélo de route tout carbone au profit d’un hybride équipé bikepacking ?
Axel Carion : Carbone pourquoi pas, l’important est d’avoir des roues adéquates (jantes renforcées et pneus de 28 mm minimum) pour passer les quelques portions de pistes.

VascoMag : Ce type d’épreuve génère une dépense calorique extrême. S’il vous plaît dites-nous que la gastronomie locale est suffisamment riche et diversifiée pour se remplir l’estomac sans difficulté !;)
Axel Carion : La magie des Andes c’est qu’il y a des restaurants tous les 30/40 kilomètres où il est possible de se ravitailler en féculents et carbohydrates pour quelques euros seulement !

VascoMag : Un mot sur les risques potentiels. Quid des chiens errants et de la faune en générale ? Et plus préoccupant, qu’en est-il de la circulation, de nuit en particulier ?
Axel Carion : Côté faune, les chiens requièrent de développer les bons réflexes. Nous avons partagé un article sur ce sujet sur notre blog d’ailleurs. En haute altitude l’autre risque est de s’arrêter a chaque lama pour immortaliser cet animal hors du commun.
Côté circulation la vigilance permanente est de rigueur. Les conducteurs roulent moins vite qu’en Europe compte tenu de la topographie mais sont moins habitués à voir des cyclistes sur les routes. Pour avoir arpenter des nationales et départementales françaises, on se sent plus en sécurité sur une route dans les Andes !

VascoMag : A ce sujet, serez-vous présents pendant l’épreuve ? Quelles mesures avez-vous prévues pour assurer la sécurité des coureurs ?
Axel Carion : Oui avec des véhicules pour ouvrir et fermer chaque checkpoint et assurer la promotion médiatique de l’exploit des athlètes. La balise GPS fournie permet également en cas de pépins grave de faciliter la localisation du coureur et l’intervention des secours dans les meilleurs délais.

VascoMag : Pour finir, tu as crée également le label BikingMan. Peux-tu nous en dire plus à ce sujet ? Est-ce la promesse de voir d’autres épreuves fleurir à travers le monde ?
Axel Carion : Oui, avec le label BikingMan nous visons à garantir la qualité des épreuves pour les athlètes :

– lieux uniques hors des routes « classiques »

– logistique : véhicules média, reconnaissance des parcours en mode ultra, tracking GPS

– solidarité : une partie de nos bénéfices sont versés à l’ONG française pompiers sans frontières (http://www.pompiers-sans-frontieres.org)

Nous avons 3 autres épreuves en préparation en parallèle de l’Inca, toutes aussi spectaculaires…A suivre sur BikingMan.com !

Photos IncaDivide

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2 Comments

  • Marc dit :

    Faute d’être sur Facebook, je vous souhaite un bon retour en terre Lyonnaise ici.
    Votre carte postale est encore sur notre frigo, on va pouvoir l’enlevé maintenant!

    En attendant un off et surtout un partage de votre périple!

    A+

    • Olivier Godin dit :

      Merci Marc ! Nous réintégrons nos quartiers lyonnais début juin. Hâte de se retrouver pour une petite sortie en commun. A très vite !

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